Pourquoi un film sur la traction animale ? Durant les débats lors des projections du film « La réponse des bergers », les différents publics ont été dithyrambiques pour des raisons qui ont été clairement exprimées. Nous les avons écoutés et en avons tirés de précieux enseignements. Un film en entraîne un autre.

L’exode rural des années soixante a désertifié les campagnes, mais quelques années plus tard, une première génération de néo-ruraux a réinvesti les espaces et les activités qui avaient été abandonnés. Ce mouvement néorural s’est amplifié jusqu’à devenir majoritaire dans les territoires vallonnés et montagnards où l’agro- industrie a du mal à s’implanter. Certes, la cohabitation entre les nouveaux et les anciens ne fut pas sans heurts mais aujourd’hui, les choses changent. En Ariège, et bien ailleurs, les anciens se reconnaissent dans la reprise de leurs activités patrimoniales et les nouveaux se reconnaissent dans ces méthodes écologiques à leur portée. La traction animale se place naturellement tout le long de ce processus.

Le thème de la transmission transgénérationnelle a été développé dans « Le temps des châtaignes » et « La réponse des bergers » et les publics, anciens et nouveaux y ont été très sensibles. « Vous êtes un passeur... » m’a-t-on dit. Ce beau compliment est récurrent de la part des spectateurs lors des débats. La traction animale réunifie les anciens et les nouveaux paysans. C’est ce qu’il est ressorti des débats de mes deux derniers documentaires ; le prochain continuera dans cette voie-là.

Outre que ce thème intéresse un très large public, il est à notre avis essentiel pour la revitalisation des campagnes, mouvement historique que nous poursuivons par conviction face au développement de l’agro- industrie dont les dégâts sanitaires et sociaux sont aujourd’hui éclatants. Un indice terrible de l’agro-industrie est le taux de suicides des agriculteurs, un tous les deux jours suivant une étude de 2017 ! Les causes sont multiples, endettement, sentiment d’isolement, problèmes de reprises des exploitations, mise en accusation et pression médiatique contre l’utilisation des pesticides et la maltraitance animale. La néoruralité va à l’encontre de ces facteurs délétères. Le film sur la traction animale sera éminemment positif et optimiste, et montrera des personnages fiers d’être paysans.

Ce thème central de la traction animale permet de visiter toutes les activités afférentes : L’élevage des chevaux et des ânes, le maraîchage, le vignoble, le débardage en montagne, l’approvisionnement des bergers en estive, l’artisanat lié aux machines légères et au ferrage des équidés, la sauvegarde des espèces locales patrimoniales, le loisir, la production locale... Toutes ces activités relèvent de l’écologie, des circuits courts, de la confiance entre producteurs et consommateurs.

Du bonheur d’être paysan !